Le Yoga est-il un sport ?

En décembre 2020 le ministre des sports en Inde reconnaissait le yogasana comme « pratique sportive de compétition » et déclare, miroitant les jeux olympiques, et reprenant Swami Vivekananda : « le YOGA est le cadeau de l’Inde au monde, YOGASANA est un cadeau au monde du sport. »

Aujourd’hui beaucoup ne voient pas le problème, certains y verront une contradiction, d’autres y voient une insulte qui n’aide en rien.

On appréciera la différence entre Yoga et Yogasana, à savoir : la pratique posturale du yoga, qui apparaît comme telle avec le tantrisme et la branche des Hatha Yogi vers le 12e siècle. Les postures que l’ont trouvent avant cette époque étaient alors considérées comme des pratiques d’austérité (Tapas) tel des sacrifices où le corps est contraint. L’asana n’était autre que l’assise; la position prise pour méditer.

On gardera en tête :

  • que beaucoup de maître spirituels, sanskritistes et yogi, d’aujourd’hui, et d’hier comme S. Vivekananda, ne pratiquent pas les postures (asana)
  • que l’Inde, dans sa quête de reconnaissance, profita d’un élan mondial pour le culturisme dans les années 20/30, pour réintroduire, grâce à l’ingéniosité de certaines grandes figures comme T.Krishnamacharya, la pratique posturale du yoga comme accessible à tous,
  • qu’avant cela, les Hatha yogis étaient considérés, notamment par l’empire britannique, comme des mendiants peu recommandables, confondus avec les fakirs et craints par les indiens eux-mêmes. Des ascétiques renonçants, parfois mercenaires, pratiquants encore les sacrifices pour certains.
  • que depuis démonstrations, photos et compétitions de postures existent en Inde,
  • que cette confusion avec le sport ne devrait donc pas être vues comme venant de l’esprit pervers et ignares des occidentaux, mais venant bien de l’Inde elle-même, et que l’occident en retour, a contribué, n’en déplaise à Narendra Modi, à l’engouement du Yoga en Inde aujourd’hui, et à une part importante de son tourisme. 
  • que N. Modi est un Hindou nationaliste radical qui, en utilisant le yoga pour servir ses idéaux, aimerait bien nous faire oublier que, bien qu’étroitement lié à l’hindouisme du fait de la caste des Brahmanes, le Yoga est un Darshana : un courant philosophique au même titre que le Samkhya qui lui est lié, et qui lui, est totalement athéiste. Durant les millénaires qui ont façonné le yoga, on trouve divers courants spirituelles autres que l’hindouisme; les Sramanas, le Jaïnisme, le bouddhisme, le soufisme, et de la religion Ajivika aujourd’hui disparue. Le Yoga n’appartient pas à l’hindouisme.

Depuis l’utilisation du Yogasana en Inde, et son exportation comme pratique accessible à tous, voilà maintenant un siècle :

  • le mot Yoga, utilisé à mauvais escient, est devenu, souvent par ignorance, la désignation une nouvelle forme d’aérobic, et même parfois venant de l’ancien français « desport », d’amusement.
  • nos sociétés basées sur le capitalisme en ont crée un business lucratif – un produit de consommation. Ceux ayant le plus d’interêt à cela ne se sentant nullement concernés par cette utilisation à l’encontre des principes même du Yoga.
  • « enseigner le yoga » est devenu une profession rémunérante où l’on ne choisit plus ses disciples, mais où l’on compte ses followers. Beaucoup le voient comme un choix de carrière dans l’industrie du fitness, utilisent les réseaux pour obtenir des tenues, bijoux ou autres en l’échange de placement de produit, proposent des retraites pour se faire des vacances, des séances de somnolence qu’ils appellent méditation et des formations de plus en plus courtes alors qu’eux-même n’y comprennent pas grand chose. Les plus sincères quant à eux, se voient forcer de répondre aux exigences des élèves devenus des consommateurs exigeants et pressés si ils veulent en vivre, ou comprendre la contradiction et s’imposer une ligne de conduite qui leur est propre, sans grand apport financier – le choix est cornélien.
  • Même en Inde c’est devenu un business rempli de charlatans aux réajustements et à l’enseignement douteux, qui profitent de la crédulité de certains, et où l’on trouve même des formations pour devenir guru. Il ne suffit pas d’être indien pour être un bon enseignant.

La définition du mot « Sport » dans le Larousse donne : Activité physique visant à améliorer sa condition physique. Si l’on s’arrête à cela, alors oui, la pratique des asanas peut être considérée comme un sport. Le concept étant que les pratiques plus subtiles telle que le pranayama ou la méditation se font plus favorablement dans un corps sain, exempt de maladies et de déséquilibres. Il s’agit de recréer le lien avec le plus grossier de nos koshas ; Pancha Kosha, le corps physique pour accéder au suivant, prana-maya kosha, le corps énergétique, qui donnera accès au suivant etc…

Les bienfaits du Yogasana sur notre organisme, ont été à maintes fois prouvés, au même titre que toute pratique sportive d’ailleurs. Même réduit à cet aspect, le Yogasana aura l’avantage de ne pas travailler le corps en déséquilibre comme le tennis, le golf, le jogging ou autre. Travaillant le gainage, donc en profondeur, plutôt qu’avec les muscles superficiels, permettant de soutenir les articulations. Un yoga dynamique renforcera le coeur par son aspect cardio. Une respiration synchronisée équilibrera le système nerveux et amènera cohérence cardiaque, renforçant l’ensemble.

Doit-on donc s’offusquer que beaucoup pratiquent le Yogasana sans aucune conscience que ce n’est que la porte d’entrée vers une quête spirituelle ? Pas sûr… pourquoi leur en priver ?

D’autant que parmi les millions de pratiquants de Yogasana, une partie pour sûre sera transformée; dans l’idéal, doucement mais sûrement avec le temps, intégrant petit à petit une nouvelle vision, de nouvelles habitudes et une curiosité croissante. 

Certains partiront à la recherche d’une communauté, d’une spiritualité, voir d’une religion, et s’y perdront peut-être…, d’autres se tourneront vers la philosophie et l’étude des textes indiens, d’autres plus volontiers vers la psychologie et les neurosciences, d’autres encore vers la quête des facultés de précognition, l’intuition et l’aspect ésotérique. Quelque soit le chemin pris, et d’où qu’ils partent, ceux-là vont dans la bonne direction ; celle des prises de conscience. 

Un débutant inconscient aujourd’hui peut, dans 15 ans, contribuer avec justesse à la transmission, pour son plus grand bien et celui de ceux qui l’entourent. C’est pour eux que nous avons le devoir de transmission.

Quel enseignant aujourd’hui a commencé à donner des cours en parfaite connaissance et compréhension des textes, et des multiples aspects qu’implique le Yoga ? 

Nous ne sommes pas des acharya, simplement des pratiquants avec un peu d’avance.

Les connaissances du Yoga sont si vastes et l’esprit humain si limité. Plus on en sait, plus on se rend compte qu’on ne sait rien. 

À l’image de Krishna, envoyé sur terre pour aider à la préservation de l’harmonie (Dharma), le yoga a une infinité de visage, et peut être perçu de maintes façons car dans les yeux de celui qui l’étudie. Vision qui s’éclaircie au fil des années de pratique et d’étude, offrant une compréhension toujours plus fine. C’est l’affaire d’une vie, de plusieurs même. 

Le Yoga n’est pas un dogme et aucun livre ne vous apprendra tout ce que vous devez savoir dessus de manière claire. Les datations des textes sont confuses, les courants sont multiples et se contredisent parfois, les traductions du sanskrit « adaptables », les exagérations courantes, les textes sont parfois en langage codé, car le secret du yoga se mérite. Vous devez enquêter et chercher vos propres réponses. Vous pouvez apprendre des techniques, qui vous mèneront graduellement à la cessation du brouhaha de votre mental, de vos interprétations, de vos conditionnements, voir à vivre l’enstase un bref instant. Mais le reste est une quête solitaire qui ne s’apprend pas, mais se révèle.

Malgré l’apparente accessibilité du yoga à notre époque, le nombre grandissant d’indianistes, et de sanskritistes occidentaux, l’accès aux textes et la compréhension par la science des composantes, même ésotériques, du Yoga, d’autres difficultés sont apparues, propres à notre époque, lui gardant précieusement son statut nécessaire de recherche laborieuse. 

« Parmi des milliers de personnes, peut-être qu’un atteindra la perfection; parmi ceux qui s’efforcent et même ceux parvenu à l’accomplissement, à peine un me connaîtra réellement. » Krishna dans la B.G (7.3)

D’après T.Krishnamacharya, un système de yoga posturale complet devrait combiné trois aspects du vinyasa krama ; vinyasa chikitsa (l’approche thérapeutique), vinyasa sakti (l’augmentation de la force vitale – ujjayi et les bandhas) et vinyasa adhyatmika (l’aspect confiance/sacrifice qui amène au plan plus subtile), 

Même si réduit à son aspect le plus grossier ; l’aspect thérapeutique, on peut se demander si le Yogasana comme « pratique sportive de compétition » est bien celui issu du Hatha (impliquant kria, pranayama, méditation..) ou simplement le Yoga Fitness, qui aura peu de chance d’éveiller quoi que ce soit, à part l’ego et des blessures, et s’approprie des codes qui le ne concernent pas.

Alors oui il semble irrespectueux de confondre Yoga, et même Yogasana, et sport, « de compétition » de surcroit. De se voir inviter sur des pages « Nama’Stay Fit » ou proposer des « masterclass pour réussir dans le business du yoga », comme il est irrespectueux d’avoir une cuvette de toilette à l’effigie de Krishna même si on n’est pas hindouiste. 

Mais qui blâmer pour cela ?

Tout le monde n’est pas apte au Yoga dans sa profondeur. C’est un chemin pour tenter de voir les choses dans leur lumière véritable, de déchiffrer le sens, s’il existe, des émotions et des tourmentes de l’existence en prenant sa propre vie pour champ d’expérience. C’est prendre du recul, sans cesse veiller, au risque de laisser émerger quelques questions bouleversantes sur notre existence. Soyons réalistes, tout le monde n’est pas prêt à cela, n’a pas le temps ou les capacités d’y parvenir. 

Tant mieux si la pratique du Yoga limitée à la pratique des asanas et un peu de pranayama thérapeutique, permet à beaucoup de se sentir mieux – c’est déjà bien à une époque où le niveau de concentration se limite à quelques minutes. Laissons le Yoga leur mettre sur la route l’enseignant qui les réveillera, et leur chuchoter qu’il y a plus à découvrir pour peu qu’on s’en donne les moyens. 

Gratitude à tous les pratiquants sincères, devenus enseignants ou pas, qui luttent à leur manière, tels des guerriers de lumière contribuant à la transmission même imparfaite, en permettant à d’autres, par leurs partages, de toujours mieux comprendre, d’éveiller leur curiosité, d’ouvrir des portes, de se questionner. Merci à tous ces chercheurs spirituels des temps modernes, vivant eux-même au coeur du désordre, luttant contre l’accélération ambiante en étudiant une science qui va à contre-sens, accueillant les joies et les difficultés d’une pratique consistante pendant une longue période de temps. Leur rôle est grand.

« Ne pas instruire celui qui est mûr, c’est gaspiller un homme.

Instruire celui qui n’est pas mûr, c’est gaspiller sa parole. » Confucius

Le Yoga a su s’adapter de nombreuses fois, et même se réinventer, dans le chaos grandissant d’une époque (Kali Yuga) pour ne pas disparaître – Gloire à lui. 

Aujourd’hui, il y a plus de personnes, de toutes origines, qui étudient avec sincérité le Yoga dans le monde, qu’il y en avait avant le 20è siècle en Inde, réjouissons-nous.

Le yoga fait partie de l’héritage de l’Inde, mais appartient à l’humanité.

#DharmaTushti

L’INTUITION – Ces messages qui nous guident

« L’intuition est un don sacré et la raison, une fidèle servante. Nous avons créé une société qui honore la servante en oubliant le don. » Albert Einstein
 
Le mot intuition vient du latin intueri, qui peut être traduit par « regarder à l’intérieur » ou « contempler ».
 
L’intuition est un mode de connaissance immédiat, une seconde de clairvoyance impromptue, ne faisant pas appel à la raison.
 
Nos intuitions ne sont pas issues de notre mémoire personnelle, mais d’une accumulation d’expériences, de savoirs et de conscience collective stockés dans Anandamaya Kosha (notre corps astral) – d’ou les médiums et shamanes puisent également leurs informations – et qui semblent faire écho jusqu’à Annamaya Kosha (notre corps physique).
 
Elles se manifestent par une petite voix intérieure qui conseille, une certitude qui s’impose ou encore une réaction corporelle plus ou moins intense. Certains vont en tenir compte, d’autres la refouler ou l’ignorer.
 
Il existe en Occident une dichotomie entre le corps et l’esprit; beaucoup d’entre nous ont du mal à écouter les messages qui se manifestent au travers de symptômes physiques; comme la fatigue, l’influence de la lune… le mal-être ou la maladie.
La pratique posturale du Yoga est là, entre autre, pour recréer ce lien, revenir à l’écoute des messages du corps, et donc (re)devenir réceptif aux intuitions; where it « feels right ».
 
L’intuition est pourtant une faculté à la portée de tous, à condition d’y travailler, et d’y croire.
 
C’est la science du Samkhya Yoga: « Manas (le mental) perçoit en nous le purusha (notre divinité), grâce à l’intuition. » P. Mukherjee
 
Notre mental produit environ 80 000 pensées par jour, qui viennent brouiller notre intuition et nos ressentis profonds. Par la pratique du Yoga, du silence, nous apprenons à donner de moins en moins d’importance à notre mental et affinons au fil du temps notre sensibilité.
 
Le monde mental intuitif, mahah-loka, est, ce que Sri Aurobindo a nommé, le monde supra-mental : « L’intuition a un quadruple pouvoir. Le pouvoir de voir la vérité ou pouvoir d’inspiration, le pouvoir de toucher la vérité et de saisir immédiatement sa signification et le pouvoir de discerner correctement et automatiquement la relation adonnée et exacte qui relie les vérités entre elles… »
 
Le don d’intuition, de prophétie et de voyance procède d’Ajna Chakras, le 6eme chakras; le fameux 3eme oeil, lié à Anandamaya Kosha.
Ajna est en lien avec la glande pinéale (et pituitaire) capable de fabriquer elle-même la DMT dans un certain état de cohérence cérébrale – un fonctionnement hyper-évolué de notre cerveau pouvant traiter des informations accessibles à notre inconscient.
 
Rechercher le lien avec notre corps et son écoute – par la pratique posturale et le pranayama, tout en augmentant notre niveau vibratoire afin d’accéder à un niveau permettant la cohérence cérébrale requise – ce qu’est la méditation, et in fine les états de samadhi; c’est ce que la pratique du yoga nous offre.
 
Mais pour mettre toutes ses chances afin d’augmenter son niveau vibratoire, il faut éviter tout ce qui a une faible fréquence vibratoire; le stress est le pire ennemi de l’intuition, comme la colère, la peur, la rancoeur… la mal-bouffe, les excitants, certains médicaments… la léthargie… Et bien sûr, il faut pratiquer régulièrement.
 
Alors… à vous de jouer maintenant ! 😉🙏🏽💛
 
« La genèse n’est pas achevée. il nous faut prendre conscience de nous-mêmes et de l’univers. Il nous faut, dans la nuit du monde, jeter des passerelles. » Antoine de St-Exupéry

Ce qui s’apprend sur le tapis, nous rend meilleur

« Practice and all is coming. »

 

À force de se placer sur son tapis alors que certaines pensées nous trouvent toutes sortes de raisons de faire autre chose,

On apprend que l’on peut maîtriser ses pensées et qu’elles ne nous définissent pas.

Lorsqu’on ne cherche pas à passer une posture en force et que l’on respecte ses limitations physiques, ou mentales, du jour, sans se juger, ni se comparer, dans l’acceptation de ce qui est (Santosha)

On apprend à faire preuve d’attention et de non violence envers soi-même (Ahimsa).

Lorsqu’on ne se soucis pas d’une posture que l’on ne sait pas faire aussi bien qu’un autre, ou que l’on ne maitrise plus,

On apprend à se détacher d’une certaine image de soi, d’un souvenir…, du désir de posséder.(Aparigraha)

Lorsque l’on sent venir les progrès, ou que l’on parvient à s’établir dans une posture qui nous échappait jusqu’alors,

On apprend que tout est possible du moment qu’on y met des efforts soutenus et réguliers (Tapas).

Lorsqu’on installe une certaine hygiène de vie (Saucha) par respect pour sa pratique,

On apprend à se respecter soi-même.

Lorsqu’on s’observe dans la pratique, en simple témoin des moments de réticence, de lassitude, d’excitation ou de peur qui peuvent advenir,

On apprend à se connaitre, et petit à petit à se dépasser (Svadhyaya)

Lorsque la pratique est finie, on se sent aligné(e). Le corps est puissant. L’esprit est apaisé.

On apprend que l’on peut être en contrôle de son bien-être.

Par la pratique sans retenu, un état d’unité émerge.

On apprend, au fil des pratiques, qu’en s’abandonnant avec confiance, en cessant de tout intellectualiser, on trouve la paix.

Un tout cohérent se forme au fil des pratiques, de la compréhension de tel principe, ou de la rencontre avec un moment de silence.

 

Pratiquez, et le reste suivra.

Du coeur. Toujours.

Conseils pour une bonne pratique à la maison

Votre lieu de pratique devrait être suffisamment chauffé, mais pas surchauffé. Il devrait être propre, sans courant d’air.

Pour ceux qui suivent des cours guidés en ligne, choisissez bien le niveau du cours. Qu’il soit toujours un peu au dessus de votre niveau personnel, mais pas trop. Juste de quoi vous challenger. Attachez-vous à aller jusqu’au bout du cours, mais ne vous acharnez pas sur une posture qui ne vous est pas encore accessible. Restez dans la posture précédente, explorez le chien tête en bas ou reposez-vous dans la posture de l’enfant en attendant la suivante.

Essayez, dès que vous le sentez possible, d’introduire une pratique autonome par semaine.

Pour les débutants, des fiches décrivant la 1ère série, par image, sont disponibles partout sur le net. Idéalement, faites-vous un programme pour la semaine, où vous alternerez entre série guidée, ateliers et pratiques autonomes.

Essayez de pratiquer, in fine, 5 à 6 jours par semaine. Même si vos pratiques ne se ressemblent pas d’un jour à l’autre dans leur forme ou leur durée. Mieux vaut 20min concentré(e) et conscient(e), qu’1h30 distrait(e) et léthargique. Faites de votre mieux. Une pratique régulière prend du temps à s’installer. Prenez ce temps, étape par étape.

On peut avoir du mal à s’y mettre, mais on ne regrette, pour ainsi dire, jamais.

Afin d’en tirer un maximum d’effets bénéfiques, l’idéale est de pratiquer le matin, au réveil, à jeun, après avoir bu un peu d’eau chaude pour réveiller doucement les organes digestifs et vous aider, éventuellement, à aller à la selle avant de pratiquer. Certains prennent le temps d’une douche chaude.

L’idée que vous manqueriez d’énergie en pratiquant sans avoir mangé et une idée fausse, conditionnée. Essayez au moins une fois. Tout ce que vous risquez est d’être surpris(e).

D’un point de vue énergétique, on vous conseille le matin justement parce que vous êtes à jeun, que vous n’avez absorbé aucune forme d’excitant, comme le café ou le sucre, qui perturbe votre force vitale, mais aussi parce que la digestion est propre à une énergie descendante, alors que le travail énergétique d’une pratique de yoga fait travailler cette énergie dans le sens inverse.

Sans compter que ce pourrait être compliqué, plus tard dans la journée, de « caser » votre pratique en étant à jeun depuis 3 heures à minima, comme il se devrait.

Toujours d’un point de vue énergétique, surtout pour ceux qui vivent dans des milieux urbains, l’énergie de la ville n’est pas encore, elle-même, réveillée. Je parle autant de l’énergie combinée de tous ces êtres qui vivent dans une même ville, que de l’énergie éléctro-magnétique de nos appareils, notamment en wifi, bluetooth etc…

D’autant plus pour une pratique autonome, afin d’être concentré(e) et dans l’observation de vos sensations, mieux vaut le matin au réveil; lorsque votre mental est encore un peu engourdi, que le silence de vos pensées polluantes est encore palpable, avant que les penchants de votre personnalité ne prennent les rênes, que la vie et vos responsabilités ne vous détournent du tapis, que l’ego, ce coquin rusé qui n’aime pas qu’on le fasse taire, ne trouve un échappatoire…

Nous tentons, dans la pratique du yoga, d’harmoniser nos systèmes nerveux, les différents courants d’énergie qui assurent une cohérence physique et mentale, et de réfréner nos mauvaises habitudes pour les remplacer par des bonnes… ce que le monde matériel actuel a une fâcheuse tendance à déséquilibrer.

Pour cette même raison, n’attendez pas non plus trop longtemps au réveil, après l’eau chaude ou/et la douche chaude. L’idéal étant de s’éviter de scroller sur les réseaux ou les news du jour…

Une fois la pratique effectuée au lever, vous êtes non seulement libre de remplir toutes vos tâches de la journée, mais vous allez probablement mieux les faire, avec un corps que vous ressentez, avec qui vous êtes lié(e), aligné(e), et un esprit éveillé. Sans compter ce sentiment si précieux de s’être fait du bien, de se prendre en main, d’avoir accompli une sorte de rituel salvateur au moins avec soi-même, au mieux avec l’univers.

Éliminer toute distraction possible; éteignez vos portables, ordinateurs, téléviseurs. Evitez la musique, qui touche à la mémoire et éveille en vous, inconsciemment, des émotions, des ressentis. Laissez-vous plutôt bercer par la musique de votre souffle, telle une méditation en mouvement.

Si vous vivez à plusieurs ou avec des enfants, faites-leur comprendre que ce moment est important pour vous, que le silence vous serait agréable, que vous ne pourrez pas engager de conversation, répondre à une question… mais ne vous agacez pas non plus si vous êtes interrompu ou si il y a nuisance sonore. Rassurez si besoin, puis revenez à votre pratique calmement. Restez concentré(e) sur votre souffle, vos ressentis, soyez le calme au milieu du chaos. Un excellent exercice de nos jours…

Toujours pour la pratique autonome; préparez-vous un programme de pratique avant de démarrer. Comme définir une intention et s’y tenir. Peut-être en buvant cette fameuse eau chaude. Déjà concentré(e) sur ce qui va suivre. Cela vous permettra d’éviter, pendant la pratique, de « casser » le rythme et avec, votre concentration, mais aussi de renforcer votre caractère pour la vie en dehors du tapis; « je fais ce que je dis et prévois de faire pour mon bien, je me le suis prouvé »

Les ashtangis devraient toujours s’en tenir aux séries codifiées du système, surtout les premières années, mais être à l’écoute de soi, de la saison, de son cycle (pour les femmes) est aussi ce que préconisait T. Krishnamacharya. On peut non seulement pratiquer une même série de différentes manières; en l’écourtant plus ou moins, en y mettant plus ou moins de vinyasa, de vigueur, ou en restant plus longtemps dans certaines postures; mais on peut également s’offrir la liberté de travailler certains jours sur une série de postures inversées, des ouvertures de hanches, des back-bends ou de passer d’une série à l’autre pour le plus avancés.

La seule chose a ne pas perdre de vue est l’état d’esprit, la force de l’intention dans laquelle vous êtes en pratiquant, car cela change tous les bénéfices qui en découlent. Si vous abordez votre pratique comme une activité sportive, comme une obligation, comme un défi contre vous-même.. vous en tirerez quelques bénéfices physiques pour sûr – l’ashtanga est suffisamment demandeur pour vous sculpter un corps de rêve – mais vous risquez également de vous blesser, de perdre la motivation de le faire régulièrement, et les effets sur le système nerveux ou votre énergie vitale ne seront pas les mêmes – l’ego sera gonflé, le système nerveux autonome en déséquilibre, le feu de rajas alimenté.

Ne mettez pas dans votre pratique une attente particulière; soyez dans l’intention de vous concentrer sur la régularité et la qualité de votre souffle, dans l’envie de vous retrouver, d’avoir ce temps pour vous, ce rendez-vous intime avec vous-même. Un rendez-vous avec votre corps, ses sensations, en étant indulgent(e) avec ses limitations, observateurs de ses variations d’un jour à l’autre; dans l’exploration de votre être, quel que soit votre niveau. Faites confiance aux séries, au souffle Ujjayi, aux bandhas et à votre concentration pour le reste.

Accompagnez cela avec la conviction que c’est la meilleure chose que vous puissiez vous faire… alors la pratique se révèlera sous un autre jour, et la transformation s’opèrera, jour après jour, souffle après souffle.

Les prouesses physiques, si visibles de l’extérieur, ne devraient être que les effets secondaires d’une pratique régulière et non le but. S’y attacher n’apportera que souffrance. Les plus importants changements étant à l’intérieur.

Toutes considérations éthiques mises de coté, car ce n’est pas le sujet ici, sachez que la viande rouge, l’alcool et le lait de vache ne font pas bon ménage avec la pratique, ne serait-ce que physiquement, au niveau de vos articulations.

Également, ne dénigrez pas l’introduction du Pranayama dans votre routine. En général placé après la pratique posturale, on notera que les moments les plus propices sont idéalement: au lever du soleil, à midi et au coucher du soleil. Evitez les jours d’orage. La pratique posturale est là pour préparer le corps et le mental au Pranayama, étape suivante sur le chemin de l’apaisement mental et de l’expansion de votre force vitale. Une bonne pratique de pranayama induira, par la suite, l’état recherché pour la méditation. Laissez monter tout cela progressivement. Ne brûlez pas les étapes.

Enfin, si vous êtes plein(e) de motivation le soir pour le lendemain, mais qu’arrivé le matin, vous vous sentez complètement découragé(e), essayez de préparer votre espace de pratique la veille au soir, puis posez-vous à l’avant de votre tapis en vous lançant pour quelques salutations sans plus. Prenez plaisir dans ces quelques mouvements. Il y a de fortes chances que vous ayez envie de plus, et si ce n’est pas le cas, ces quelques salutations auront eu le mérite d’exister. Retentez le lendemain.

Quand cela vous est possible, revenez régulièrement vers un enseignant, en présentiel, ne serait-ce pour vous assurez de votre bon alignement.

En vous souhaitant de très belles pratiques.

Du coeur.

Le Yoga : Un état d’Être, ou L’art de l’observation menant à la tranquillité

Cette période que nous traversons peut être challenging à bien des égards pour bon nombre d’entre nous. Les médias vous conseillent le yoga pour mieux la vivre, mais beaucoup, limitant cela à une activité physique qui va les occuper, ne voient pas nécessairement d’effet sur leur agitation mentale.

Le Yoga ne s’arrête, ni ne se limite, à la pratique physique posturale, ou même à celle du Pranayama et des différentes formes de méditation. Le Yoga est un Darshana (philosophie) intimement lié à celui du Samkhya. Pour faire simple; le Samkhya explique le fonctionnement du mental, le Yoga vous donne des moyens de parvenir à son contrôle.

Le Yoga est un état d’être qui vous accompagne tout au long de la journée.

L’étude de soi, Svadhyaya (composante des Niyama et du Krya Yoga) est une recherche qui nous invite à vivre intimement en nous-même. C’est une observation lucide du fonctionnement de notre mental et des mécanismes qui nous commandent : une attitude à la fois passive et active. Passive parce que vous n’intervenez pas, active, puisque vous assistez au processus.

La pensée est un véhicule, un instrument ; nous l’empruntons chaque fois qu’elle est utile, sinon, elle ne sert à rien. Or Le plus souvent, nous entretenons des pensées parasites (vritta). Nous les prenons en considération, nous les dirigeons, les justifions, vivant ainsi constamment dans un état de préférence, conditionné par des complémentaires : positif/négatif, antipathie/sympathie, plaisir/déplaisir se référant à nos expériences affectives passées.

Nous créons par habitude une personne à laquelle nous nous identifions et nous agissons en nous appuyant sur elle, sur ses réactions qui ne sont issues que de nos mémoires, sur une réalité que notre mental a crée et qui nous éloigne de notre état naturel de tranquillité.

Posez-vous sérieusement des questions sur les différents motifs qui vous guident dans votre vie, et vous arriverez à la conclusion que vous souhaitez seulement le non-désir, la profonde tranquillité. Comprenez qu’aucun « objet » ne vous la donnera et le dynamisme de la recherche s’arrêtera. La paix intérieure et la joie sont sans cause.

Le besoin primordial en vous est d’être libre, libre de toutes ces pensées polluantes ; il n’y a pas d’autre liberté (Moksha/Mukti).

Peut-être, encore plus récemment maintenant que vous en avez l’opportunité, avez-vous connu des moments de silence total, quand, dans la journée, vous ne récapitulez, n’anticipez pas : lorsqu’une pensée a terminé son cours, dans l’espace entre deux actions, deux perceptions, ou en vous promenant, par exemple dans la forêt et que vous vous laissez pénétrer sans vous reporter au passé et à la mémoire, que vous n’êtes alors plus dans les pensées, mais dans le ressenti.

L’absence de pensée parasite, cette nudité, est silence. C’est un lâcher prise, une ouverture complète, sans réserve, vigilante.

Lorsque cela se représentera, ne mettez pas l’accent sur l’absence ressentie, mais sur la présence fondamentale, elle est conscience. Observez ce « vous » qui constate le processus, ce sera déjà une ouverture considérable. Mettez ensuite l’accent sur la présence qui a permis de lâcher prise.

Sachez protéger ces moments de réceptivité, restez présent. Le passé, le futur ne sont que mémoires. Lorsque notre mental égotique est en action, nous ne sommes pas présents.

« Vivre le moment présent » c’est observer sans mettre en action ses « mémoires ».

Ne vous laissez pas envahir par les mouvements de la vie : faire ce qui doit être fait, y réfléchir auparavant, mais en ne leur donnant que l’intérêt qu’ils méritent.

Si vous essayez de combler vos moments de peur et d’ennui par toute sorte de compensation, vous ne pourrez pas les effacer. Ce n’est qu’une fuite devant ce qu’il vous faut accueillir, accepter.

Soyez observateur : constatez votre agitation, votre nervosité, ce sont les premiers mouvements à écouter. Voyez que vous êtes constamment en état de refus, soyez-en conscient. Si vous résistez, tout est confusion, obnubilation ; c’est la personne/l’ego qui refuse.

Si vous ne vous référez pas à elle, la dualité n’apparaitra pas. Dans cette attention, la personne s’estompe puis disparait. Ce sera réellement possible lorsque vous aurez accepté ces mouvements.

Laissez les choses se faire: n’essayez pas d’enrayer, de compenser, de diriger toutes ces agitations. Notez ce qui apparait sans le qualifier. Du moment que vous êtes conscient de vos réactions, vous n’en êtes plus complice, vous ne vous identifiez plus à vos problèmes, le schéma est éliminé.

En étant de plus en plus à l’écoute et en comprenant qu’intervenir est une autre forme d’agitation, le mental s’apaise. Cela se révèle en vous, donnez-vous l’opportunité et le temps que cela se manifeste.

L’acceptation est un acte conscient, la résignation est purement mentale. On accepte les choses en vue de les comprendre, comme un scientifique. La non-acceptation vous rend complice de la souffrance, car elle y contribue.

Dans un regard libre de toute affectivité, le sentiment de responsabilité, de frustration s’évapore, disparait. C’est par une attention, une présence lucide et sans intention que les tensions, les résistances, les défenses peuvent se libérer. D’une certaine façon tout dépend de votre vigilance.

Cela ne se fait généralement pas d’un seul coup, et c’est pourquoi nous pratiquons.

—————————————————————————

Cette qualité d’observation, nous la travaillons en premier lieu par la pratique posturale, car la chose la plus tangible est la sensation corporelle, d’où l’importance de devenir autonome et de se donner la possibilité de pratiquer sans guidage, seul avec son souffle.

L’enseignement doit vous rendre libre, libre de la personne, de toute chose, autonome, sans dépendance aucune.

Si vous débutez dans le yoga, les cours sont cependant nécessaires. Sachez choisir ceux qui vous correspondent. Comprenez que si vous cherchez à suivre des vidéos d’un niveau supérieur au vôtre, non seulement vous allez générer du stress mais risquez surtout de vous blesser. Cherchez des enseignants aux indications anatomiques claires.

Après quelques mois ou années de pratique, il est plus que souhaitable d’alterner cours guidés et tutoriels, avec une pratique autonome, car tant que vous êtes accroché(e) à ce que vous voyez et entendez, l’observation dont il s’agit ici ne peut se faire.

Si toutefois vous semblez rester bloqué(e) dans quelques « je ne le sens pas », « sans guidage je suis perdu(e) » ou « je n’arrive pas à me motiver » ; voyez les motifs qui vous poussent à refuser la pratique autonome, car ce pourrait bien être les mêmes qui vous nuisent sur d’autres aspects de votre vie : relations toxiques, projets délaissés, procrastination… les séries de l’Ashtanga Vinyasa Yoga sont justement là, figées dans leur déroulement pour vous aider à ne pas faire intervenir le mental; il n’y a qu’a suivre l’ordre des postures.

Parfois on peut manquer de vigueur; démarrez sans grandes attentes, même si cela doit se réduire à quelques salutations suivi des postures finales. Vous verrez que souvent, après les salutations, l’énergie est là pour aller plus loin. Mieux vaut pratiquer 20 à 30 minutes de manière concentrée, que somnoler sur son tapis pendant 1h30.

Le vrai motif qui doit vous guider est simplement un désir d’être.

Tous les « objets » sont une création des sens. Votre corps est un objet au même titre que vos pensées. Avant tout, regardez vos motifs, vos pensées, vos émotions et surtout, aimez-vous sans critique, sans jugement : acceptez-vous.

Explorez votre corps, sentez-le, il n’est que sensation ; c’est alors une perception pure, lucide, sans qualification, simplement une sensation.

Si vous continuez votre exploration, vous verrez ses peurs, ses crispations, ses tensions, sa lourdeur, mais aussi les zones fluides, aériennes, tout ce qui relève du domaine de la sensation. Soyez conscient de cela afin de pouvoir prendre de la distance. Votre attention deviendra peu à peu libre, pure, sans intention, guidée seulement par la joie de cet examen.

De l’observation de votre corps découle celle du psyché et la possibilité d’adapter l’ardeur de votre pratique posturale en vue d’un rééquilibrage.

– Si vous observez de la lourdeur (tendance kapha) mieux vaudra une pratique ardente, un nombre conséquent de vinyasa entre les postures et des inspirations marquées.

– Si vous sentez de l’agitation mentale et une difficulté à la concentration (tendance Vatta), attention à ne pas aller trop vite, à ne pas enchaîner trop de postures, à limiter le nombre de vinyasa, voir même à rester bien plus que 5 respirations par postures. Prenez le temps de sentir les tensions se résorber, les noeuds disparaitre, sous peine d’exciter d’autant plus votre système nerveux sympathique et créer encore plus d’agitation.

– Si vous sentez en vous une énergie débordante qui a besoin d’être canalisée (tendance pitta) mettez l’accent sur la qualité de vos expirations; longues et puissantes, pratiquez « au ralenti ».

Si vous discriminez, interprétez, jugez, vous êtes lié(e). Purifiez votre mental de cette pensé erronée que quelque chose est à atteindre, à trouver, et vous serez devant l’instant où l’intellect n’a plus de rôle à jouer: c’est un lâcher prise, une ouverture.

Les agitations de votre cerveau vous sollicitent encore : respectez-les, n’essayez pas de les changer, de les éliminer ou de les justifier. C’est le Moi (votre ego) qui veut se défendre car il a besoin d’une situation pour exister.

Dès que vous éprouvez de l’agitation dans votre corps, en premier lieu, accueillez-la. Cela calmera toute cette effervescence car elle se dévoilera à vos yeux.

Regardez simplement le va-et-vient des pensées, ne les alimentez pas, tout en leur permettant d’exister. Tôt ou tard, la formulation s’apaisera. Ces fluctuations du mental finiront par s’éteindre faute d’aliment ; ce n’est pas vous qui les abandonnez, ce sont elles qui vous abandonnent.

Si le regard est vraiment détaché, sans but, il est pur et le regard lui-même et ce qui est regardé se dissolvent l’un l’autre dans votre tranquillité, votre centre, votre demeure. Le reste s’efface. Vous faites alors partie d’une vibration qui se déploie sans limite.

La pratique posturale mène à une transformation, corps et mental deviennent plus forts et cette attention qui leur est portée dans la pratique posturale est alors possible également dans l’assise.

Toutes les tensions corporelles ou psychiques se retrouvent dans la respiration; elles y sont inscrites. Les caractéristiques de votre personnalité s’expriment dans votre façon de respirer.

Si votre pensée est calme, claire, votre respiration l’est aussi; lorsque vos désirs, votre comportement, changent, votre respiration se modifie à son tour.

C’est pourquoi il est bon de faire suivre la pratique posturale avec quelques exercices de Pranayama. Si vous avez du temps, profitez-en. Sans vouloir partir trop loin sur ce sujet qui n’est pas celui de ce texte, le plus reconnu dans le fait d’équilibrer votre système nerveux autonome est Nadi Shuddi, la respiration alternée sans rétention (avec rétention se pratiquant après avoir bien maitriser le premier et s’appelant Nadi Shodana).

Pour vous aider, vous pouvez trouver en ligne des mantra, comme le Gayatri mantra, chantés 108 fois. A chaque mantra, une inspiration ou une expiration… ainsi vous ne comptez pas dans votre tête et être libre d’abandonner toute pensée. Le plus longtemps, le mieux. Expirez complètement avant de démarrer, toujours en commençant par une inspiration narine gauche. Ne cherchez pas à être dans la performance, comme on peut gâcher une pratique posturale.

Cherchez plutôt la qualité du souffle et principalement celle de vos expirations. Puis observez le calme.

Ce silence indescriptible, incomparable, contient l’énergie qui éveille l’intelligence créative. N’ayez pas peur de « basculer », faites enfin connaissance avec votre être réel jamais rencontré auparavant, avec votre vacuité, votre immensité. Laissez-vous saisir, emporter par cette attention.

Observez l’espace qui vous entoure et celui qui est en vous. Vous en serez pénétré et dans le silence qui vous envahit, vous serez libre de vos agitations, de vos actions, vous ne penserez plus sans nécessité.

Soyez un avec cet instant lorsque vous le vivez. Quand l’esprit, le mental ne sont plus obscurcis par des pensées erronées, toutes vos énergies se réorchestrent et entrainent la tranquillité. C’est tout simplement votre état naturel, tout simplement vous-même.

Votre véritable nature est une tranquillité profonde, infinie, sans intention. Vous ne pouvez la provoquer mais vous êtes invité à la vivre chaque jour. Soyez en identité avec elle, Elle sera par la suite en arrière plan de toutes vos actions. Laissez-vous d’abord saisir par elle.

—————————————————————————

La pratique posturale, puis le pranayama et enfin les méditations sur les chakras, les Nadi, les Vayus, etc… sont des pratiques engageant une concentration qui n’a pour autre but que de rendre de plus en plus facile et spontanée notre capacité à l’observation et la compréhension sans l’action du mental : une écoute sans relation personnelle avec ce qui est entendu, une vision sans l’implication de ce qui est vu, un silence.

Dans l’absence est la présence. Cette compréhension nous vide complètement la tête des pensées polluantes. Nous pourrions dire; il reste uniquement le coeur. C’est cela qu’on appelle parfois « l’intelligence du coeur ».

Pour qu’elle soit réelle, efficace, il est indispensable que l’observation s’étende sur toute votre vie courante, sur les actes importants ou très secondaires se présentant dans l’instant.

Voyez comment vous fonctionnez à chaque instant.

Les questionnements sont là pour permettre à votre intellect de se clarifier. Observer lucidement les réflexes qui pourraient vous porter à combattre, réprimer ou sublimer un problème et les évidences, qui vous semblaient encore un peu confuses, vont se dessiner plus nettement et vous donner une perspective plus juste.

Si votre écoute est totale, ouverte, non divisée en positif et négatif, la réponse se dessinera clairement devant vos yeux, elle sera pour vous évidente.

La vie et ses aléas apparaissent différemment selon votre poste d’observation. Un conflit n’est qu’un tableau vu d’un certain angle. Quand votre attention est innocente, libre, la toile s’agrandit, vous la voyez de tous cotés et ce qui avait été pressenti comme une complication s’intègre dans un ensemble. Une vision générale, non-impliquée donne un sentiment de pleine liberté.

Pour bien se connaitre, il est préférable d’être mêlé(e) aux autres dans la vie quotidienne. Les impondérables vous obligeant à vous interroger.

Les gens avec lesquels vous vivez depuis très longtemps sont, dans certain cas, devenus des meubles pour vous. Constatez-le, sachez les aimer et vous aimer de la même manière.

Essayer de vivre une matinée, un après-midi, uniquement attentif à la personne en face de vous, en lui laissant la liberté de s’exprimer, d’évoluer. Si vous lui surimposez un schéma, un connu, vous la jugez, l’encadrez, elle se sent privée de sa liberté. Être attentif à l’autre est un geste d’amour. Nous avons tous besoin de sécurisation, d’amour et de reconnaissance, si vous êtes dans l’ouverture, celui qui vous fait face en est stimulé et vos rapports seront tout autre.

Lorsque vous vous sentez nerveux, en colère, constatez cela, mais ne laissez pas ces émotions se manifester, ce qui peut être odieux pour l’entourage.

Plus vous pratiquez avec un regard pur, pur dans le sens de concepts, de qualifications, plus les sollicitations de toutes ces pensées parasitaires vont régresser, ce qui vous donnera une énergie extraordinaire pour aller toujours plus loin dans la compréhension. Votre niveau de conscience augmentera.

Parfois difficile à concevoir pour notre culture élevée dans le « je pense donc je suis », il est très important de comprendre que cette démarche ne peut être intellectuelle, mais du domaine du ressenti et que cela se révèle dans le silence.

Le mental n’a pas la possibilité de changer le mental.

La personne, le Moi, est constamment entre l’avoir et le devenir, elle n’est que mémoire. La pensée pure qui surgit du silence, non guidée par la mémoire et le connu, est seule juste, valable. Elle est créative tandis que celle qui nait du mental peut être considérée comme une agression.

Aussi longtemps que vous vous identifiez avec une image, aucune modification réelle ne surviendra, elle sera apparente peut-être, mais de courte durée ; la vraie métamorphose se produira dans l’oubli d’un vous-même, ce dépassement de l’égo, du Moi.

Le pressentiment, l’intelligence (buddhi) viennent du Soi. Vous pressentez la clarté et dans une intuition, une fulgurance, tout est clair en vous.

Ce pressentiment est toujours juste, mais comme il se manifeste sur le plan phénoménal, veillez à bien le garder en vie, sinon le Moi s’en empare et créera le doute. Quand celui-ci malgré tout advient, demandez-vous « qui doute ? » et vous prendrez du recul.

Faites seulement face au fur et à mesure à ce qui se présente à vous, en partant d’une attention. Ce n’est pas être attentif à quelque chose mais être attentif à l’attention. C’est un regard sans tension qui ne projette, ni n’anticipe, quoi que ce soit : il s’agrandit et devient conscience.

Cette lucidité, ce recul, vous libéreront de toute affectivité, votre vie sera plus harmonieuse, plus heureuse, sans angoisse.

Le Yoga est un éveil à la vraie intelligence, on pourrait même dire, à un savoir universel cosmique.

Le Soi (Jivatman), votre vrai vous-même, n’a pas de problème. La paix est en vous.

With Love.

Inspiré par Jean Klein « A l’écoute de soi »