NIYAMA #1 – SAUCHA – la pureté

Les Yogis attachent une grande importance aux pratiques de purification.

Purification à la fois du corps et du mental ; par la pratique des Kryas, du Pranayama, des postures, mais aussi par la méditation et le système éthique des Yamas et Niyamas.

La propreté se voit à l’extérieur. La purification agit sur notre intérieur et change notre force vitale.

S’engager dans des processus de purification, c’est se préparer à l’éveil de la conscience.

C’est se débarrasser, s’alléger, des toxines, blocages, distractions et dispersions afin de gagner en clarté pour affronter chaque instant avec intégrité et fraîcheur.

Prendre des mesures pour se purifier sera différent pour chacun de nous. 

Cela peut prendre la forme d’une augmentation du temps de pratique posturale, ou de Pranayama, ou une augmentation de la consommation d’eau, un jeûne, un sauna, aller marcher seule en forêt, ou peut-être une journée de nettoyage des placards, ou dossiers administratifs. 

Cela peut-être aussi de travailler sur le pardon, ou l’acceptation, en vu de s’alléger du lourd bagage de la victimisation ou de la colère, ou encore d’aller faire ses excuses, ou dire ce qui nous pèse, en expliquant notre point de vue et en sachant écouter l’autre.

Cela commence toujours par l’intention d’alléger la charge que nous portons.

Saucha nous invite à faire ce qu’il faut pour se débarrasser de ce qui nous pèse, où que ce soit dans notre vie.

Un autre aspect de Saucha que j’aime explorer est notre (in)capacité à vivre la pureté de l’instant.

Être avec le moment tel qu’il est et non pas tel que nous souhaitons qu’il soit ou pense qu’il devrait être, ou tel qu’on s’attend à ce qu’il soit.

Les bouddhiste appelle cela « l’esprit du débutant », où comme au travers des yeux d’un tout jeune enfant ; curieux, ouvert, joueur et capable d’être surpris, sans jugement, doute, à priori ou comparaison. Sans conditionnement.

Un esprit pure, attentif à la magie du moment présent.

NIYAMA #2 – Santosha – le contentement

Enfants, nous rêvons d’être des grands, une fois grand, nous avons hâte de quitter le foyer familiale, d’être autonome, puis ce sera mieux quand on sera en vacances, mieux si il faisait beau, mieux avec d’autres, mieux si c’était plus prés, mieux si ce pull était rouge…

Santosha, c’est profiter de ce que nous avons.

Nous comparons constamment chaque instant et chaque chose sur la base de notre appréciation. Mais cette appréciation n’est que l’étiquetage que nous mettons sur ces choses qui les rends attrayantes ou insatisfaisantes à nos yeux. 

Le contentement commencent à trouver son chemin en nous lorsque nous pouvons voir les choses telles qu’elles sont, et ne pas dépenser autant d’énergie à manipuler les choses selon nos préférences. Mais à se satisfaire de chaque instant.

Il est facile de se sentir satisfait quand on se sent bien, que les choses vont dans notre sens et que nous aimons qui nous sommes. Mais qu’en est-il lorsque ce n’est pas le cas, ou que nous nous sentons déprimés, blessés ou bouleversés ?

Avant tout, nous ne devrions jamais laisser le pouvoir de notre état émotionnel à quelqu’un ou quelque chose ; la malveillance des uns, les frustrations des « petits chefs », les attentes familiales… sont le reflets de leurs propres conflits, non les nôtres. 

Mais surtout ; la gratitude est l’outil pour nous maintenir centré dans le contentement, tel des arbres solidement enraciné dans la terre, qu’aucun vents violents ne peut faire bouger.

Le mécontentement est l’illusion qu’il peut y avoir autre chose de mieux à vivre dans l’instant. 

Il n’y en a pas. L’instant est complet. 

Cela signifie que même dans les moments de tristesse et de bouleversements, il faut trouver une forme de contentement. Vivre l’émotion, sans l’éviter, la ressentir physiquement, la comprendre, puis la laisser aller. Et revenir sur la gratitude d’être, de ressentir, et de ce que nous avons. 

“Le contentement, c’est tomber amoureux de votre vie” Swami Rama 

NIYAMA #3 – TAPAS – Auto-discipline

Tapas signifie littéralement « chaleur » et peut être traduit par austérités, autodiscipline, effort spirituel, changement ou transformation.

Cela revient à se laisser « cuire » sous le feu de la discipline. 

En Inde, les représentations des premières postures de yoga n’étaient alors pas considérées comme des Asana, mais dans le registre de Tapas afin de s’établir fermement dans un certain état d’esprit qui ne faillira jamais sous l’influence des perturbations que le monde extérieur peut apporter. Certains renonçants spirituels pratiquent des austérités extrêmes encore aujourd’hui.

Sans aller jusque là, et en prenant compte de ce qui est possible, sans risque, et opportun pour nous dans notre contexte de vie actuel ; c’est faire preuve d’un effort déterminé pour développer une force de caractère.

Dans le yoga, avoir une pratique spirituelle quotidienne disciplinée est appelé sadhana.

C’est la cohérence de notre pratique quotidienne.

Il ne s’agit pas de pratiquer seulement quand tout va bien, qu’on en a envie, ou qu’on en a le temps. Car c’est bien dans les moments où on est le moins disposé à la pratique que tapas fait son effet.

C’est dans la pratique régulière sur nos tapis quelque soit notre état physique ou mental, renforçant notre capacité à rester dans le désagrément, et dans les choix quotidiens que nous faisons, que nous cultivons le pouvoir de ne pas subir les aléas de la vie. 

Établis fermement autant dans la pratique que dans la vie.

Choisissez de vous ouvrir sans crainte à l’expérience de la discipline régulière, même si cela échappe pour le moment à votre compréhension, cela viendra.

« Practice and all is coming » Pattabhi Jois

Vos opinions, attentes, priorités et habitudes changeront, alors sans efforts.

Le yoga est une science de la transformation.

Devenir ce que vous souhaitez être dans le futur demande des efforts dans le présent.

Les tapas sont les choix quotidiens que nous faisons pour brûler les habitudes non favorables à notre corps et notre esprit.

NIYAMA #4 – SVADHYAYA – l’étude de soi

Nos conditionnements, nos croyances commencent dès l’enfance. 

Nous apprenons très tôt à accepter la façon de faire de notre famille et à nous conformer aux normes culturelles. Puis nous ajoutons à cela tous ressentis issues de nos expériences de vie. 

Si vous écrivez rapidement les 5 premières choses qui vous viennent à l’esprit décrivant le monde tel que vous le voyez, chaque commentaire que vous avez utilisé pour décrire le monde vous en dira plus sur vous-même que sur le monde.

Si nous demandions à 400 personnes de faire de même, toutes les réponses seraient différents.

400 personnes, 400 mondes.

Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont, nous voyons les choses telles que nous sommes.

Svadhyaya consiste à comprendre ce qui fausse notre vision. 

Les gens et les événements ne nous déçoivent pas, ce sont nos modèles de réalité qui le font. 

Quand quelque chose ne se conforme pas à nos systèmes de croyances, notre tendance est de blâmer ce qui est en dehors de nous, puis de justifier ce que nous pensons ou ressentons.

Chaque événement que la vie nous présente est une occasion précieuse d’apprendre la vérité sur les conditionnements dans lesquels nous nous sommes contraints.

Nous pouvons trouver des indices de notre paysage intérieur en observant nos pensées et perturbations émotionnelles, et en retraçant nos réactions à une croyance – en prenant la position du témoin.

Regardez-vous agir, et voyez comment vous avez constitué vos réalités, afin que votre système de croyance commence à perdre son pouvoir sur vous. 

C’est cela la liberté chère au Yoga ; Moksha.

Svadhyaya est notre capacité à observer l’ego plutôt que de s’identifier avec lui afin de nous rapprocher de notre véritable essence ; Atman.

Traditionnellement Svadhyaya impliquait l’étude des écritures sacrées.

Aujourd’hui nous pouvons rajouter à cela la lecture des livres de ceux qui ont étudié ces textes, mais aussi ceux sur le développement personnel, la psychologie…

Sans oublier la méditation ; une aide précieuse au développement de votre capacité à être témoin.

NIYAMA #5 – ISHVARA PRANIDHANA – faire confiance

L’origine des concepts psychologiques et cosmologiques du Yoga sont issus du Samkhya, exempt de religion. Les Yoga Sutra de Patanjali sont, eux, teintés de spiritualité religieuse.

En Inde, majoritairement hindouiste, il s’agit de choisir une déité et de lui vouer une dévotion sans faille via différents rituels. L’hindouisme est une religion. Attention donc à l’appropriation culturelle.

Considérons les Yoga Sutra comme destinés aux chercheurs spirituels. 

“La personne qui enquête doit être libre de croyance, de dogme, de rituels ou de « maître » afin d’enquêter sur la vérité.” – Krishnamurti

Ishvara Pranidhana présuppose qu’il y a une « force » à l’œuvre dans nos vies ; force qui crée la vie, l’expansion des galaxies, les cycles de la nature, l’équilibre de notre monde… C’est un concept métaphysique appelé parfois « conscience cosmique » ou « divinité » ; Brahman.

Ishara Panidhana signifie littéralement s’abandonner à la divinité. 

Vous avez sans doute déjà ressenti des moments de parfaite harmonie, où vos actions, vos pensées, et l’activité dans laquelle vous étiez engagé se sont alignées, que ce soit en regardant un coucher de soleil, en créant… en vous abandonnant à l’instant.

La science du Yoga nous dit que nous pouvons vivre de cette façon tout le temps, à moins que nous nous mettions nous-même des « bâtons dans les roues ».

Les pratiques de Yoga nous apprennent à nous libérer du contrôle de l’ego qui rétrécit notre perspective ; nous lâchons prise et arrêtons de lutter. 

Se débarrasser de notre armure nous ouvre à des niveaux de conscience de moins en moins altérés qui nous permettent de mieux comprendre ; que l’impression d’être une entité séparée des autres est une illusion, que nous créons notre réalité, qu’il y a un sens et une raison à tout.

Ishvara Pranidhana nous invite à faire confiance en la vie, afin de recevoir ce qu’elle nous présente, tout en appréciant l’ampleur et le mystère de ce à quoi nous participons.

CONCLUSION

Les Niyamas sont une invitation à explorer à quel point notre vie peut être joyeuse, à quel point nous pouvons nous sentir bien, et nous guident pour soutenir cette exploration.

C’est partir à la quête de Soi. 

Le « Soi » étant dans les textes cette part de divinité qui est en nous ; Atman, ou Purusha pour le Samkhya. C’est notre niveau de conscience le plus pure, notre essence.

C’est ce qu’il reste lorsque l’on fait taire le « Moi » – notre ego (Ahamkara) qui fausse notre perception ; les pensées et actions issues de nos conditionnements, de nos mémoires cognitives et akashiques, et de nos sens ; Prakriti. 

Tout ce dont nous avons besoin est déjà en nous.

Changer notre perception demande de la curiosité et un esprit d’aventure. 

De ce point de vue, il n’y a pas d’échec possible puisque toute expérience de vie nous donne des informations précieuses. La vie devient un laboratoire.

Soyez enthousiasmés par ce que vous avez à découvrir.

Les Niyamas, comme les Yamas, ne sont pas des positionnements moraux avec des règles strictes, suivant le concept du bien et du mal de la moralité judéo-chrétienne. 

Ces principes regardent la vie à travers le prisme du cause à effet.

Ils ne vous diront pas quoi croire ou quoi chercher dans votre vie pour votre propre épanouissement ; mais vous équiperont des outils pour vivre habilement chaque situation qui se présente avec flexibilité, compréhension et sagesse.

Ce sont vos choix quotidiens auxquels vous devez prêter attention. 

Surveillez de près vos actions et pensées, découvrez ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

La pratique de La pureté (Saucha), du contentement (Santosha), de l’auto-discipline (Tapas), de l’étude de Soi (svadhyaya) et de la confiance en la vie (Ishvara Pranidhana), nous permet :

De se débarrasser de ce qui nous pèse.

De tomber amoureux de notre propre vie.

De brûler les habitudes non favorables à notre corps et notre esprit.

D’observer l’ego plutôt que de s’identifier à lui.

De prêter attention à ce que la vie nous offre

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