Aujourd’hui on trouve à priori de tout quand il s’agit d’un cours de Vinyasa, avec des écarts de qualité impressionnants, certains omettant même totalement l’emphase sur la respiration.

Ce texte est pour vous aider à faire la différence, et choisir à bon escient, en fonction de ce que vous recherchez, du but de votre pratique, de votre intention : un exercice de culture physique, ou un effet sur votre mental et votre niveau de conscience.

Le Vinyasa Krama est la méthode posturale issue de l’enseignement de T.Krishnamacharya, considéré comme le « père du Yoga moderne ». C’est le « Yoga du sud de l’Inde ».

Considérant l’utilisation actuel du mot Vinyasa pour certains cours, il n’est plus possible de comprendre le terme « Vinyasa » comme étant l’abréviation de « Vinyasa Krama », tant cela réduirait l’immense savoir et intelligence de cet homme à la création d’un système de culture physique utilisant des postures de Yoga, pour n’en tirant qu’une définition limitée ; Vinyasa = flow.

Ce genre de raccourci réducteur, et perdant au passage beaucoup de significations, portées et effets, et malheureusement très commun concernant le Yoga et son adaptation occidentale.

La grande spécificité de T. Krishnamacharya n’aura pas été (seulement) de créer un système postural d’asana adapté à notre époque, accessible à tous et permettant de garder une bonne santé, mais de faire l’union entre le Hatha Yoga et le Raja Yoga de Patanjali ; de permettre, par le corps physique, d’atteindre le mental, et ainsi de se préparer aux pratiques plus avancées des autres piliers du Yoga de Patanjali.

Le Vinyasa Krama est une pratique de développement physique ET spirituel.

// Définition étymologique :

Vinyasa

Vi > d’une certaine façon / Ordre

Ni > règles

As > s’assoir

Nyasa > placer / placement

Vinyasa > « règles pour se placer d’une manière spéciale »

Krama > Succession / séquence (ininterrompue) d’évènements / progression étape par étape / voie

Vinyasa Krama > séquence ordonnée et ininterrompue d’asana(s) liés entre eux d’une certaine manière = une séquence de « vinyasa »

// Le système est basé sur un compte de « vinyasa ». 

Exemple basé sur l’AVY ; il faut 9 vinyasa(s) pour la salutation A, 17 pour la B, 16 vinyasa(s) pour paschimottanasana, 15 pour baddha konasana = au 8e vinyasa, vous êtes dans la posture. 

Ce compte commence et se termine à Samasthiti, avec un dérivé de la salutation A.

Pratiquer ainsi est ce que l’on appelle « Full Vinyasa ».

À savoir que le « Full vinyasa » est peu pratiqué aujourd’hui du fait de son exigence en terme d’endurance.

On notera que le terme « Vinyasa » est également employé, probablement par facilité, pour l’ensemble des postures qui marquent les transitions entre les postures, groupe de postures, ou coté droit / coté gauche (excluant les postures debout). 

Ainsi, lorsqu’une posture terminée, et qu’on vous lance un « vinyasa(s)» en cours, il s’agit plus généralement du groupe entier de posture en partant de la sortie, par un saut en arrière, chaturanga, chien tête en haut, chien tête en bas, jusqu’à revenir, par un saut en avant, en Dandasana à l’avant de votre tapis, pour effectuer la posture suivante (= « Half Vinyasa »).

Il est fortement conseillé d’introduire petit à petit les « vinyasa de transitions » au fil de l’apprentissage, et cela uniquement dans le but de gagner en force et endurance. 

// Les autres spécificités du Vinyasa Krama sont :

  • La synchronisation de la respiration et du mouvement pour un contrôle du souffle, du rythme cardiaque, un mental apaisé et une concentration accrue. Généralement on inspire quand la tête va vers le haut / mouvement ascendant, et on expire quand la tête va vers le bas / mouvement descendant. 
  • L’utilisation de la respiration Ujjayi (à ne pas confondre avec le pranayama du même nom)
  • L’application de bandha(s) et autres mudra(s) jouant sur le circuit énergétique et supports de concentration
  • L’application des Dristhi(s) afin de canaliser le traitement des informations sensorielles.
  • Les postures statiques – asana Sthiti – sont l’autre partie importante ; elles sont tenues au minimum 5 respirations – 25 étant le nombre nécessaire afin d’en tirer les bénéfices thérapeutiques.
  • Il n’y a pas de musique pour accompagner votre cours ; notamment car les bpm (le tempo) influent sur votre rythme cardiaque, et que la musique a une portée émotionnelle sur vous, et vos mémoires ; cela est en totale contradiction avec l’idée de mettre en sommeil tous ce qui est relatif à cela pendant les pratiques de Yoga. Votre écoute doit être portée sur la qualité de votre souffle et ce qu’il se passe en vous pour un état de concentration maximum.
  • Et surtout ; l’intention est primordiale…

> Celle de rester présent et attentif aux émotions, pensées et sensations qui pourraient survenir.

> Celle de s’intérioriser, et de se concentrer de telle manière que les fluctuations de notre mental cessent.

> Celle de ne pas s’attacher aux fruits de notre pratique ; l’ego n’a rien à faire là, les bénéfices physiques et sur la santé sont acquis dans le but d’être plus disposé à l’élévation de la conscience, non pour en tirer de la fierté.

> Celle de pratiquer par dévouement au Yoga (classique).

Références :

  • « Yoga Makaranda », T. Krishnamacharya

Élèves de T.Krishnamacharya :

  • « Yoga Mala », S.K.Pattabhi Jois
  • « Krishnamacharya, his life and teachings » A.G.Mohan
  • « Health, healing and beyond » Desikachar
  • « The complete book of Vinyasa Yoga » Srivatsa Ramaswami

Élèves de S.K.Pattabhi Jois :

  • « Ashtanga Yoga » Lino Miele
  • « The art of Vinyasa » Richard Freeman / Mary Taylor
  • “One Simple Thing” Eddie Stern

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