LE MANTRA D’OUVERTURE; UNE MANIÈRE DE RENDRE HOMMAGE

Les mantra(s) constituent le noyau de la culture védique (1500-1000 av.JC)

La première syllabe “man” signifie penser / manas, le mental. Le suffixe “tra” désigne l’instrument de l’action, ou plus particulièrement “ce qui protège”, “préserve”, ou “calme”. Un mantra est donc un outil, un instrument permettant de préserver le mental de l’agitation permanente.

Le mantra d’ouverture de l’Ashtanga Vinyasa Yoga est le premier verset de « Yoga Taravali », un poème discutant de l’engagement des bandhas et des états de modifications de conscience avancés. Poème attribué à l’illustre Sankaracharya (8ème siècle).

Tout se passe au niveau vibratoire.

Le sens du mantra n’est pas seulement contenu dans les mots mais aussi dans les sons. Les sonorités de la langue sanskrite constituent des vibrations spécifiques et ces vibrations sont considérées comme ayant un effet particulier sur la personne qui les prononce et sur son état d’esprit, si toutefois, d’après les textes, la prononciation et la rythmique sont respectées.

Quand bien même votre prononciation ne serait pas juste, entonner le mantra d’ouverture avant la pratique posturale permet d’éveiller la concentration, la présence, tout en restant humble et reconnaissant pour cette science qui a su traverser le temps, et Patanjali qui compila dans ses sutras le but et les moyens d’y parvenir.

Une manière, en un sens, de ne pas laisser tomber dans l’oubli l’ancienneté et les origines d’une telle pratique, et d’aider à l’intégrer comme rituel dans nos vies avec respect.

Om

Vande gurūnām caraṇāravinde

Samdarśita-svātma-sukhāvabodhe

Niḥśreyase jāṅgali-kāyamāne

Saṃsāra-hālāhala-moha-śāntyai

ābāhu-puruṣākāram

Saṅkha-cakrāsi-dhārinam

sahasra-śirasam śvetam

Praṇāmāmi patañjalim

Om

Traduction/interprétation possible:

Om

Je rends hommage aux anciens sages

Qui éveillent à la joie de la connaissance de nôtre âme

Éloignant, mieux que toute chose, l’effet du poison d’une existence impermanente,

Afin qu’advienne l’apaisement, dissipant l’égarement.

Devant Patañjali, ayant forme humaine à partir des bras,

Lui qui porte le glaive de la sagesse, la roue solaire et la conque au son originel

Devant lui a mille têtes de couleur blanche

Je m’incline avec respect

Om

Je vous conseille d’écouter, et vous laissez emporter, par la bien-aimée Dr. M. A. Jayashree de Mysore, avec l’entier de son album des Sutra de Patanjali.  

Ici, un lien vers le premier pada (chapitre) des Yoga Sutra de Patanjali, Dr. M. A. Jayashree commençant chaque pada par le mantra d’ouverture qui nous concerne ici.

Yoga Sutrani of Maharshi Patanjali Samadhi Padah · Dr. M. A. Jayashree: https://youtu.be/AkcLvKSlLps

SVARA YOGA

Imaginez à quel point il serait bon de disposer d’un interrupteur qui, une fois utilisé, vous permettrait de choisir consciemment entre un état chargé d’énergie, à un état complètement détendu en quelques minutes.

Un interrupteur qui vous permettrait de passer de la compassion à la détermination obstinée.

Ou encore d’extraverti (présent physiquement, expressif et impulsif) à introverti (réfléchi, concentré et absorbé) en peu de temps.

Cet interrupteur, c’est votre nez.

La narine droite, reliée au méridien d’énergie appelé Pingala – ou dans le Svara Yoga; Surya – aux caractéristiques dites solaires et masculines, est connectée à votre hémisphère gauche.

Votre hémisphère gauche, c’est votre intelligence analytique, même fondamentaliste (il n’y a qu’une vérité), relié lui-même au système sympathique de votre système nerveux autonome chargé de répondre au stress – combat ou fuite, il est moteur mais trop souvent stimulé dans nos sociétés.

La narine gauche, reliée au méridien d’énergie appelé Ida – ou dans le Svara Yoga; Chandra –  aux caractéristiques dites lunaires et féminines, est connectée à votre hémisphère droit.

Votre hémisphère droit, c’est votre intelligence intuitive, même relativiste (plusieurs vérité sont possibles) et contemplatif, relié lui-même au système parasympathique de votre système nerveux autonome chargé de la relaxation et de la récupération de tous vos systèmes.

Disséquer et mémoriser des sujets difficiles, comme les soutenir en public se fait bien mieux avec la respiration par la narines droite.

Écouter et faire preuve d’empathie envers un ami en détresse ne marchera pas par la narine droite, puisque vous allez analyser leurs dires tel un ordinateur, essayant de trouver des solutions à leurs erreurs, plutôt que de juste écouter… ce dont ils ont bien plus besoin.

S’endormir se fera bien mieux de la narine gauche.

Nous avons, tout au long de la journée, une alternance de flux respiratoire entre la narine droite et la gauche. Normalement, le système nerveux est conditionné de manière à s’activer en fonction de l’activité, mais de nombreux phénomènes extérieurs et déséquilibres, viennent accélérer ou contrarier ce bel agencement.

Rééquilibrer le fonctionnement des svara (flux respiratoires), choisir le svara par lequel nous souhaitons respirer, est propre à ce que nous appelons Svara Yoga, applicable dans la vie quotidienne autant que dans la sadhana.

Interrompre l’alternance des svara et fixer cet instant d’équilibre, pour obtenir l’égalité de Surya (Pingala) et Chandra (Ida) qui libère Sunya Svara (sushumna) soit l’énergie de la Kundalini, c’est ce qu’offre le hatha yoga, de la pratique posturale au Pranayama.

C’est pour cela notamment que l’on doit toujours commencer par la droite dans la pratique posturale et toujours commencer par la narine gauche dans la pratique du pranayama.

#svarayoga #pranayama #SivaSvarodaya

Ecoutez les messages de votre guide intérieur

L’ignorance de ce qui se passe en nous est à l’origine de la souffrance mentale.

Refuser de faire face à certaine situation, ou de même y réfléchir, par peur de la remise en question, de perdre ses repaires apparents, son confort, par peur de l’inconnu et du conflit, empêche de vivre et nous éloigne de notre nature profonde.

Rester dans le déni plutôt qu’affronter la vérité, parce que certaines de ces situations impliquent un changement qui ne sera pas agréable à vivre, une transition douloureuse, c’est vivre dans l’illusion de pouvoir faire avec.

Pourtant si la tête s’emballe et les pensées se répètent en boucle sans pour autant avancer, tel un hamster coincé dans sa roue, c’est bien que dans le fort intérieur une partie de vous sait que quelque chose ne va pas. L’autre partie (asmita) s’attachant à un rêve illusoire, une idée du bonheur trompeuse, l’attente d’une solution extérieure à soi ou un sentiment d’injustice…

Refuser de voir la souffrance est source de souffrance.

Devant le refus d’entendre, notre guide intérieur n’a d’autre choix que de refaire vivre l’expérience de plus en plus fort, comme obligé de parler de plus en plus fort, jusqu’à crier.

Ses cris sont nos tensions et nos souffrances physiques et psychologiques, morales ou émotionnelles.

Il est important de redonner le vrai sens à la souffrance et à la maladie et d’essayer de comprendre le sens de ce que nous vivons, plutôt que d’en avoir honte, de les faire taire – la médecine allopathique comme soutien, non comme unique solution – ou de rendre nos souffrances inéluctables sans chercher plus loin.

Les cris de notre guide ne sont pas une punition mais une “leçon de chose” pour nous faire “grandir”.

Nous avons parfois besoin d’expérimenter l’erreur, l’échec ou la douleur pour comprendre à quel point nous faisons fausse route, à quel point nous ne sommes pas en accord avec nos réels besoins.

Entreprendre d’écouter et de chercher à changer les choses peut sembler intense et dans la confusion et le marasme des émotions, la montagne peut sembler infranchissable, mais le plus dur a déjà été entrepris à ce stade. 

Le yoga nous aide à découvrir ce qui se cache derrière l’apparente réalité du corps et de l’esprit.

Nos sentiments de liberté, de joie et de sécurité naissent de notre connaissance profonde et se meurent dans la maîtrise insuffisante de notre esprit.

Le yoga peut nous donner la sérénité d’accepter ce qui ne peut être changé, le courage de changer ce qui peut l’être, et la sagesse de distinguer l’un de l’autre.

« Jusqu’à ce que vous sachiez ce que fait l’esprit, vous ne pouvez pas vous en rendre maître. Vous constaterez que chaque jours les divagations de l’esprit deviennent de moins en moins violentes, et que l’esprit lui-même est chaque jours plus calme, nous donnant une vue plus exacte des choses. » Swami Vivekananda (1863-1902)

Aucune bonne décision ne peut être prise dans la confusion et le marasme émotionnel.

Se débarrasser du chaos, prendre conscience de la manière dont nous sommes restreints, dans le corps, l’esprit et le cœur, rééquilibrer les excès, les déséquilibres, pour permettre à la conscience de s’élever… transformer la léthargie en stabilité, les pensées polluantes en pensées éclairées, être de plus en plus à l’écoute de son intuition.. de son guide; c’est tout cela que le yoga peut vous offrir.

Les bonnes décisions pourront alors être prises. Réfléchir, décortiquer, analyser afin de cerner l’origine du problème de manière plus lucide sera alors possible. L’acceptation nécessaire s’installera alors avec sérénité sans être forcée.

Soyez patient(es) et ayez confiance en votre guide intérieur… écoutez-le !

CONSEILS POUR UNE BONNE PRATIQUE

La pratique du yoga est un travail physique et mental intense, mais elle est également une activité spirituelle à caractère sacré: tant avant qu’après les séances de yoga, il est très vivement recommandé d’observer un certain nombre de conseils.

1./ Pratiquez l’estomac vide. Attendre au moins 2 à 3 heures après un repas avant de pratiquer – 1 à 2h après une légère collation. Vous pouvez boire en petites quantités 20 minutes avant une session.

Ne buvez pas pendant la pratique.

2./ Pratiquez de préférence avec l’Intestin et la vessie vides.

3./ Évitez les bains de soleil, bain chaud, hammam et sauna avant une séance.

4./ Prévenir le professeur si un événement particulier est intervenu et nécessite de prendre des précautions; blessure, chirurgie, anesthésie, grossesse, prothèse… Ou si vous ne souhaitez pas être ajusté.

5./ Au cours de la période de menstruation, évitez l’engagement des bandhas. Les jeunes femmes devraient éviter une pratique trop intense et les postures inversées en cas de flux important.

6./ Pour ce qui est de la lune, “pleine” ou “nouvelle”, superstitions mises à part, on s’attachera à l’effet sur l’eau contenu dans notre corps. 24h avant et après une nouvelle lune (absence de lune dans le ciel), nous sommes pour ainsi dire en marée basse ce qui affectera nos liquides synoviaux – “l’huilage” de nos articulations. Mieux vaut donc ne pas aller trop loin dans les flexions extremes. La pleine lune, elle, aura tendance a nous donné un excès de vitalité, d’énergie qui d’après moi, est plus préjudiciable aux personnalités de feu (dosha pitta) qu’aux autres.

7./ Ne pas pratiquer en cas de fièvre, de sinusite ou d’hypertension.

8./ Evitez de pratiquer 48 à 72h après une séance d’ostéopathie ou toute autre manipulation de la colonne vertébrale. Par contre, une pratique avant en augmente les bienfaits.

9./ Venez pratiquer lavé et portez des vêtements propres.

10./ Les vêtements doivent être confortables, élastiques et près du corps pour ne pas être gêné par un haut trop ample qui remonterait jusqu’au nez dans les postures la tête en bas ou par un pantalon qui gênerait les pliés du genoux.

Ne pas porter de chaussettes pendant la session.

 

11./ Tapis de yoga: Si vous débutez, ne vous inquiétez pas, la grande majorité des studios de yoga ont des tapis à louer ou prêter. Plus vous allez en classe, plus vous allez avoir envie d’investir dans votre propre tapis,

Pour l’Ashtanga; préférez des tapis de 6mm d’épaisseur.

 

12./ Soyez prêt à transpirer abondamment. Votre corps élimine les toxines et brûle les impuretés. Par une pratique régulière, intense et concentrée, une nouvelle énergie va émerger, corps et esprit se renforcent. On finit par transpirer beaucoup moins.

13./  Gardez les muscles du visage détendus, un léger sourire sur le visage. Le yoga est une chance de travailler avec vos émotions plutôt que de les nier ou de les diriger vers l’extérieur. Restez concentré. Laissez-vous corriger par le professeur, sans frustration ni fierté mal placée.

Ne vous laissez cependant pas ajuster par un professeur dont vous n’avez pas confiance, ou dont vous jugez les ajustements inappropriés. Signalez-le.

14./ Essayez de ne pas vous juger sévèrement par rapport à ce que font les autres sur leurs tapis – chacun est à un endroit qui lui est propre sur le chemin de la pratique. Restez léger et garder votre sens de l’humour. Riez si vous tombez ou perdez l’équilibre, souriez quand les choses deviennent difficiles. Amusez-vous.

15./  Idéalement, une fois les bases comprises, vous devez commencer à pratiquer chez vous, seul, au rythme de votre souffle afin que votre attention soit complètement intériorisée et que vous puissiez pratiquer tous les jours. La discipline qui s’installe alors est une des plus belles leçons de la pratique du yoga en dehors du tapis – touchant jusqu’à l’estime de soi. Selon votre niveau, revenez régulièrement vers votre/vos professeurs.

Mieux vaut une pratique courte et intense que longue est molle – 15 minutes ont le mérite d’exister. 

 

16./ Faites confiance en votre jugement: Rappelez-vous que votre pratique est un processus individuel. Personne d’autre est à l’intérieur de votre corps. La douleur n’est pas admise, l’inconfort nécessaire à l’apprentissage. Il vous faut trouver la juste mesure entre l’effort sain et la complaisance. Pratiquez à 80% de vos capacités.

Écoutez votre corps et respecter ce qu’il vous dit. Observez-le, observez-vous.

 

17./ La posture finale de relaxation (Shavasana) est très important et permet d’intégrer les bénéfices de la pratique – le système nerveux autonome s’équilibre. Ne jamais quitter une pratique sans avoir pratiqué Shavasana – si vous devez partir en avance ou à l’heure exacte sans retard possible, prévenez le professeur en début de cours et assurez-vous de prendre au moins 5 min pour vous permettre de faire Shavasana.

La température du corps chutant pendant la relaxation, n’hésitez pas à vous couvrir d’une couverture, remettre des chaussettes. Essayer les eye-pillows garnis de lavande pour vous aider en rentrer plus vite dans la relaxation.

 

18./ Après la séance, garder votre calme intérieur, éviter les discussions bruyantes dans le vestiaire.

Idéalement; attendre au moins une vingtaine de minutes avant de se laver, également une vingtaine de minutes avant de boire, et environ une heure avant de manger, même des aliments sains et légers.

En vous souhaitant de belles pratiques.

 

Un rendez-vous intime avec vous-même

La méditation est un état de conscience à part entière, reconnaissable à une activité cérébrale proche du repos et de la relaxation. Les ondes alpha prédominent, la part de béta diminue.

Loin d’un état de somnolence, il s’agit plus de mêler sérénité et concentration, d’équilibrer, d’harmoniser le système nerveux autonome, l’activité cérébrale analytique d’un coté et holistique de l’autre, les méridiens (nadis) Ida et Pingala.

De cette harmonie, de cette cohérence se créer l’état de méditation appelé par certains: éveil paradoxal ou hyper-conscience.

La méditation peut être superficielle mais aussi très profonde.

Plus vous passez de temps à l’écoute de vous-même, plus cela devient facile de se placer dans cet état et d’en faire une expérience de plus en plus profonde.

Ça commence comme un rendez-vous intime: un apprentissage de la quiétude, de la sérénité, d’un état de bien-être juste entre vous et vos ondes cérébrales.

Un temps pour soi que l’on devrait instaurer au même titre que le brossage de dents tant nous vivons dans une société qui génèrent en nous la sur-activation de notre hémisphère gauche (analytique) et de notre système nerveuse sympathique, celui du « Fight or Fligh », celui qui génèrent en nous les hormones du stress et tout ce que cela implique.

La méditation même superficielle rééquilibre.

En devenant plus profonde, les supports de concentration devenant plus complexes, on parvient à un état de concentration qui nous plonge dans une insensibilité apparente aux stimuli extérieurs, nos sens sont en suspens (pratyahara).

Le temps est suspendu, l’appréciation de notre corps dans l’espace avec…

Les sens en suspens cela signifie que notre énergie n’est plus portée vers le monde extérieur mais vers notre monde intérieur. Concentré en un point, la suspension se fait aussi au niveau des hormones, pensées, émotions (kleshas), réflexes… et donc des mémoires (conditionnements) ancrées (samaskara).

Un autre monde s’ouvre à vous.

Dans cet état paradoxal, tout parait simple. Rien ne semble pouvoir nous atteindre.

Se laisser porter, ne pas avoir peur de cet inconnu, observer…

L’état devient propice à des pensées n’émanant pas de nos mémoires.

Faire taire le mental (manas) pour laisser la place à d’autres forme de pensées (Buddhi).

Les intuitions nous traversent. Inspiration et compréhension du monde, s’ouvrent à nous avec conviction et évidence… et avec un apaisement certain.

Ce qui est important, c’est la qualité de l’expérience du méditant.

Pas d’attente possible.
Curiosité, sincérité, joie.

Donnez-vous le temps.

With Love.