Pour vous aider à vous y retrouver dans les différents styles de Yoga, et mieux comprendre les appellations, que l’on trouve aujourd’hui dans les studios ou en ligne, voyons d’abord quelques points importants à comprendre :

 

  • Tous les yoga posturaux (yogasana) sont issus du Hatha Yoga, une tradition développée entre le 9e et le 13e siècle par les Nath yogis à partir du tantrisme, puis remis au goûts du jour et adaptée pour un public plus large dès le début du 20e siècle. (voir l’article précédent sur la chronologie https://vashtangayoga.com/2024/09/11/chronologie-du-yoga/ )

 

  • Une pratique posturale de Yoga a pour but d’accroître vos capacités de concentration, d’intériorisation, de mobilité et d’écoute. Si vous êtes dans un cours qui ne parle pas de souffle, n’a pas de supports de concentration, flatte votre égo et vous pousse à la performance, il y a des chances que vous soyez dans un cours de fitness malgré l’emploi du mot yoga.

 

  • La pratique posturale est une préparation, une porte d’entrée, qui implique d’autres pratiques yogiques pouvant vous mener vers des effets plus profonds et pérennes sur votre mental, sa compréhension et son contrôle, telles que le contrôle du souffle (pranayama), la pratique d’états de concentration de plus en plus avancés (méditation), l’étude des textes, et l’étude de soi.

 

  • Le terme « Yoga intégral » terme employé par Swami Vivekananda (1896) puis Aurobindo (1916) implique une adaptation du Yoga Classique – l’Ashtanga de Patanjali – à nos besoins et notre époque, autrement dit l’intégralité de ce que le Yoga propose sur les plans physique, psychologique, philosophique et spirituel est intégré à la pratique.

 

  • Le terme « Yoga traditionnel » porte à confusion car tout dépend ce que l’on entend par traditionnel ; une pratique telle que les Naths yogis, des ascétiques non-orthodoxes, l’employaient au 11e siècle ? une pratique intégrant tous les principes du Yoga Classique de Patanjali adaptés à notre époque et culture ? une pratique venant d’Inde ? ou encore une pratique telle qu’elle a été enseignée par son codificateur sans aucune modification ou apport ?

 

Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’entier de ce que le Yoga peut vous apporter, je vous invite à aller écouter mes cours théoriques sur mon Podcast https://youtube.com/playlist?list=PLsK5o-Y2Sr_fzHxbcyd9uwHoQ3DHu7ur-&si=dchFKPXBdoSU3Wfo

Également disponible sur Apple Podcast et Spotify > “Parlons du Yoga”.

 

Sachant cela, voyons maintenant les styles que l’on rencontre le plus souvent :

 

– Le Hatha yoga

 

Comme je l’ai déjà écrit plus haut, tous les yoga posturaux sont des Hatha Yoga. Lorsque la pratique posturale est apparue en occident dans la première moitié du 20e siècle, tous les cours de Yoga posturaux étaient appelés Hatha sans distinction des lignées dont ils étaient issus, malgré les concepts et compréhensions différentes d’une école à l’autre. Au fil du temps, par incompréhension et complaisance de la part de certains enseignants, les cours de Hatha yoga ont été perçus comme des cours de yoga « doux », autrement dit pas trop demandeurs dans l’effort, adaptés aux personnes âgées, parfois presque une relaxation avec un peu d’éveil corporel…

Le niveau d’intensité dépendra donc aujourd’hui de l’enseignant. Vous pourrez parfois trouver des cours de « Hatha Flow » pour signifier un effort plus intense. Le cours peut intégrer d’autres pratiques propre au Hatha Yoga comme le Pranayama (contrôle du souffle en position assise), les Kryas (techniques de purification) ou la méditation (concentration).

 

Une lignée qui se distinguera des autres, dès la 2e moitié du 20e siècle, est celle de Tiramulai Krishnamacharya et de son Vinyasa Krama Yoga, impliquant une séquence ordonnée et ininterrompue de postures liées entre elles d’une certaine manière, impliquant des supports de concentration, des contre-postures, la respiration Ujjayi et la synchronisation des mouvements avec la respiration afin de vivre une forme de méditation en mouvement. Ses élèves exporteront leurs méthodes hors des frontières de l’Inde.
Issus directement de son enseignement, vous trouverez ;

 

– L’Ashtanga Vinyasa yoga

Issu des premières années d’enseignement de Krishnamacharya à Mysore et codifié dans les années 70/80 par son premier disciple S.K. Pattabhi Jois, aujourd’hui en 4 séries à difficultés croissantes, ce yoga est perçu comme le plus demandeur, et parfois, à tort, comme le plus élitiste ou dogmatique (cf. mon podcast sur le sujet https://youtu.be/Lb29GnOU0AU?si=kZU3d4wY87Eae3Fd).  

Vis à vis de la méthode propre à Pattabhi Jois, et aujourd’hui son petit-fils Sharat, vous trouverez des enseignants plus ou moins rigides concernant l’adaptation des postures, l’apprentissage progressif des séries, ou encore l’utilisation d’accessoires (briques, sangles), les indications anatomiques ou d’alignement et les ateliers posturaux explicatifs, ces derniers étant des apports influencés par la méthode Iyengar.

Les cours de Mysore Style sont les cours “traditionnels” de ce système, permettant une pratique quotidienne au rythme physique et respiratoire de chacun. Ils sont non guidés mais sous le regard attentif d’un enseignant qui soutient et réajuste. 

C’est une méthode de transformation efficace, d’autant plus si vous avez une personnalité de feu, aimant les challenges et capable de discipline.

 

– Le Vinyasa yoga

Malgré que le terme de Vinyasa soit directement inspiré de l’enseignement de Krishnamacharya, on trouve aujourd’hui de tout sous l’appellation « Vinyasa Yoga » au niveau de la qualité et du respect des principes propres à une pratique de Hatha yoga.

Certains cours seront de belles qualités, d’autres ne seront que des cours de fitness ; sorte d’aérobique 2.0 plus enclin à vous vendre quelque chose qu’à vous parler du souffle. Beaucoup seront le résultat d’une combinaison de connaissances et formations suivies par l’enseignant, ce qui est loin d’être inintéressant, du moment que la concentration est cultivée et qu’on vous invite à aller voir plus loin qu’une simple pratique physique.

Les termes « Flow Yoga », « Power Yoga », « power hatha », « Hatha flow » et tous les yogas posturaux qui se disent « dynamiques », en opposition aux pratiques dites douces et statiques, sont en fait des Vinyasa… ou du fitness.

À noter que le Viniyoga, moins courant, est un Vinyasa, issu directement de l’enseignement de Krishnamacharya, développé pas son fils Desikachar, et qui implique une pratique adaptée aux besoins, à la culture, à la santé et aux capacités du pratiquant.

Également élève de Krishnamacharya pendant plus de 30 ans, Ramaswami Srivatsa enseigne le Vinyasa Krama. Terme aussi utilisé par d’autres enseignants dans le monde pour signifier un Vinyasa dans le respect des enseignements posturaux de Krishnamacharya, et pour se démarquer du fitness yoga.

 

– Le Jivamukti Yoga

Développé à New-York dans les années 80 par Sharon Gannon et David Life, élèves de S.K Patthabi Jois et Swami Nirmalanda pour l’aspect spirituel, c’est un Vinyasa Yoga en musique, incluant dans le cours un enseignement philosophique, une méditation et le chant d’un mantra.

 

– L’ Iyengar yoga

B.K.S Iyengar, beau-frère de Krishnamacharya, et élève de ce dernier durant 2 années, abandonnera petit à petit l’enseignement du Vinyasa Krama pour créer sa méthode basée sur l’alignement minutieux et perfectionniste du corps. 

Les postures statiques sont tenues longtemps avec l’aide d’accessoires ; chaises, bolsters, sangles, briques.

Il est parfois appelé « Yoga Thérapeutique » pour son soutien possibles aux personnes souffrantes ou en rééducation.

Dérivé de cet aspect thérapeutique, vous trouverez des pratiques posturales basées uniquement la dessus ; utilisant des postures de yoga mais sans aspect psychologique ou philosophique, tel que le Fascia Yoga qui associe entraînement des fascias (avec ou sans Foam Roller) et exercices de yoga dynamiques, dans le but d’enlever les tensions physiques.

Ou encore des pratiques en complément d’un suivi Ayurvédique (médecine indienne), où on aura tendance à prescrire un certain style de pratique dans le sens d’un rééquilibrage des tendances, qualités et aggravations propre à un individu.

 

Sans référence aucune à Krishnamacharya, on trouve également :

 

– Le Kundalini yoga

 

Toutes les pratiques de « Yoga intégral » visent à préparer la montée de l’energie le long du méridien principale, autrement dit aux expansions de conscience ; à voir plus clair, à mieux comprendre les choses, la vie, dans le but de mieux vivre ; ne plus être victime d’un mauvais contrôle émotionnel et des épreuves qui surviennent.
Le concept de Kundalini vient du tantrisme.
À savoir que dans les textes de Hatha Yoga, il est expliqué que la pratique posturale prépare à cela – on parle d’enstase (réf. Mircea Eliade) c’est à dire une expansion de conscience douce et contrôlée déclenchée par les états de concentration avancés. Les textes stipulent qu’il est effectivement possible de créer des expansions plus directes, mais avec certains risques sur votre santé mentale, comme avec un jeûn intense, Bastrika (un exercice de Pranayama – hyperventilation – qui donnera plus tard en occident, la respiration holotropique) ou les plantes (les psychotropes) – on parle alors d’extase, ou transe extatique. 

 

Développé en Californie dans les années 70 par Yogi Bhajan, cette méthode allie différentes techniques physiques, respiratoires et gestuels (mudras des mains) ainsi que des chants afin de créer des expansions de conscience. Les postures ne sont pas centrales mais complémentaires.

Les pratiquants portent généralement des habits blancs et un turban sur la tête en référence à l’un des 5 symboles du sikhisme de Yogi Bhajan (religion hybride entre l’hindouisme et l’islam) ; le Dastar.

 

– Bikram et Hot yoga

Développé par Bikram Choudhury dans les années 70, il se pratique dans une salle chauffée à exactement 40,6°C et 40% d’humidité. Les pratiquants sont guidés à travers deux exercices de respiration et un ordre identique de 26 postures, chacune d’elles étant exécutée deux fois, dans un rythme soutenu.

Dérivé du Bikram Yoga, le Hot Yoga se pratique dans une salle chauffée à 30°C et peut varier dans l’enchainement des postures. 

L’association de la chaleur et de l’humidité aide à échauffer les muscles, tendons et ligaments, mais gare aux risques de malaises et de déshydratation.

 

– Yin Yoga et Yoga Restauratif

 

Comme nous l’avons déjà vu toutes les pratiques posturales de Yoga sont des Hatha Yoga, ce qui signifie la recherche de l’harmonie des opposés. Entre force et souplesse, entre le « trop » et le « pas assez », entre notre mental analytique et notre mental intuitif etc… Bref entre nos qualités Rajasiques (activité) et nos qualités Tamasiques (inertie), à la recherche d’un état sattvique (équilibre, harmonie). Une pratique de Yoga se doit donc d’être Yin et Yang à la fois, si l’on devait reprendre cette terminologie chinoise.

 

Développé dans les années 70 par Paulie Zink, un américain expert en arts martiaux, et popularisé dans les années 90 par Paul et Suzee Grilley, le Yin Yoga trouve son origine à la fois dans la tradition yogique, le Qi gong et le taoïsme. 

Les postures d’étirement (4 à 6 par cours) sont tenues plusieurs minutes, parfois 5, 10 ou 20 minutes. Le but étant de favoriser le lâcher prise dans l’inconfort, de canaliser l’energie vitale, d’inviter à la lenteur et gagner en flexibilité. Les postures sont passives et des accessoires tels que couvertures, coussins et bolsters sont utilisés.

Attention tout de même ; étirer tendons et ligaments sans soutenir musculairement vos articulations peut être préjudiciable au long terme. Cette pratique est un bon complément des pratiques dynamiques.

Le Yoga restauratif quand à lui, développé par Judith Hanson Lasater, une américaine, ancienne élève de B.K.S Iyengar, cherche le confort absolu afin de se relaxer et lâcher prise. On ne cherche pas un étirement mais une détente totale dans l’immobilité et le silence, à grand renfort d’accessoires afin de se réparer, rétablir un équilibre, d’où l’utilisation du terme restauratif.

 

– Accro Yoga et Yoga Aérien

Bien que l’accro Yoga ait été probablement inspiré des photos de Krishnamacharya avec certains de ses plus jeunes élèves, il a été développé en Californie en 2006 par Janson Semer et Jenny Sauer-Klein. Il s’agit d’une fusion entre postures de Yoga, acrobatie et massage Thaï. La collaboration entre 2 ou plusieurs individus est nécessaire ; la « base » en contact avec le sol, le « flyer » et le « spotter » qui pare et donne des recommandations.

Le Yoga aérien, ou fly yoga, a été développé dans les années 2000 aux US par le gymnaste et chorégraphe Christopher Harrison, alliant relaxation, mouvement de danse, étirements et gymnastique acrobatique. Puis en 2009, en France, Florie Ravinet, lance sa méthode en collaboration avec des kinésithérapeutes. La pratique se fait le corps suspendu à l’aide d’un hamac à 1m du sol. 

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