Avec l’arrivée de la photographie, son amélioration et sa démocratisation; c’est la conscience du corps qui apparut. Et avec elle, un engouement mondial pour la culture physique.

Dû à la conviction britannique de l’inférioritéphysique, morale et spirituelle des Indiens (voir posts PART.1 et 2), il devient alors capital de renverser cette idée en représentant les corps indiens non seulement aussi forts que les européens, mais aussi en mesure de vaincre leurs champions. La forme physique devient alors l’expression puissante de la politique culturelle – La culture physique va alors devenir un élément central du programme éducatif en Inde.

Plusieurs types de gymnastiques et de cultures corporelles occidentales se sont retrouvés en Inde britannique où ils ont radicalement touché la conscience physique indienne au cours de cette période (Ling, Sandow, YMCA). Ce qui conduira à la création, ou à la renaissance, de formes d’exercices dits «autochtones» distincts de ces systèmes importés.

«C’est un sacrilège de ne pas posséder un corps fin, bien fait et en bonne santé. Être faible et malade constitue un crime contre soi-même et contre notre pays. Notre propre avenir et celui de votre nation dépendent d’une bonne santé et de suffisamment de force.» Mujumbar, Encyclopédie de la culture physique indienne – 1950

Les différentes formes de pratiques physiques qui prédominent dans le yoga international populaire d’aujourd’hui ont été développées dans un climat d’intense expérimentation et de recherche autour d’un schéma thérapeutique approprié pour les corps et les esprits indiens – tous les indiens, et plus seulement les ascètes ou les religieux.

La vague de la culture physique indienne a été jusqu’à un certain point nationaliste, une sorte de résistance à la domination coloniale, conçue comme un projet visant à restaurer la complétude dans la vie individuelle et collective.

Le corps en tant que symbole de la force, de la capacité et de l’endurance Indienne.

« Dans une large mesure, le yoga postural s’est popularisé au cours de la première moitié du siècle en tant que produit hybride; la rencontre de l’Inde coloniale avec le mouvement mondial de la culture physique. » M. Singleton

Le yoga transnational anglophone est né au sommet d’un enthousiasme sans précédent pour la culture physique, et la signification du mot « yoga » perdra ainsi son sens d’origine dans cette quintessence de la culture physique hindoue, tout en étant la raison essentiel des conditions qui sous-tendent la renaissance du Hatha yoga.

La compréhension du fait que les asanas avaient une fonction essentiellement médicale et curative a eu pour effet de reléguer les spécificités ésotériques du Hatha yoga à une position subsidiaire – ce qui le restera chez certaines lignées, créant ainsi, à long terme, toutes les formes de “fitness yoga” actuelles.

«Les restrictions morales de religion et la mortification de la chair devaient être remplacées, mais le régime physique de l’exercice et la libération du corps et les techniques d’amélioration de soi devinrent des substituts quasi religieux» Sandow

Ces considérations ont créé les conditions permettant aux innovateurs ultérieurs, tels que Krishnamacharya, Kuvalayananda et Yogendra, d’intégrer de manière transparente des éléments de culture physique dans leurs systèmes de yoga pour créer une “rencontre”, redonner son sens au Yoga et ramener le Raja Yoga à la pratique du Hatha – l’Ashtanga Yoga de Patanjali.

Inspiré de YOGA BODY – The origins of modern posture practice – Mark Singleton

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